Historique
Lorsque la guerre est déclarée en août 1914, la
Marine française dispose de fusiliers marins inemployés à bord de
ses bâtiments, car les principaux combats sont terrestres.
Pour utiliser ces hommes, il est décidé, le 7
août 1914, de créer une brigade forte de 6 000 hommes organisée en
deux régiments qui seront les 1er et 2e régiments de fusiliers
marins.

Le commandement de la brigade est confié à Pierre
Alexis Ronarc'h qui vient d'être nommé contre-amiral.

La première mission confiée est la défense de la
capitale et de sa banlieue d'où la garnison habituelle est partie.

La brigade est constituée d'un état-major, des
deux régiments et d'une compagnie de mitrailleuses de 15 sections.
Chaque régiment est commandé par un capitaine de vaisseau et composé
lui-même d'un état-major et de 3 bataillons.
L'organisation est calquée sur celle des régiments d'infanterie de
1914, à l'exception des sections de
mitrailleuses qui sont
indépendantes des régiments.
Dans les effectifs on remarque 700 apprentis fusiliers marins très
jeunes (jeunes engagés ayant à peine seize ans et demi), et des
réservistes du dépôt de Lorient, anciens chauffeurs ou mécaniciens
de la flotte.
L’extrême jeunesse des apprentis surprend les
Parisiens qui leur donnent le surnom de « Demoiselles de la Marine »
ou de « Demoiselles aux pompons rouges » .

Ils sont rejoints à Paris par des renforts arrivant des autres ports
: Rochefort, Brest, Cherbourg et Toulon. Ces renforts comprennent
des marins au long cours, des pêcheurs ou caboteurs, qui vont se
transformer rapidement en soldats de l'armée de terre en remplaçant
la vareuse par la capote.

En octobre 1914, les Allemands en surnombre
menacent d'anéantir les défenses belges. La brigade reçoit la
mission de quitter Paris pour aller en renfort de l'armée belge,
cette mission étant également donnée à la 87e division d'infanterie
territoriale. Il s'agit d'aider l'armée belge à se replier vers la
France et de protéger le port stratégique de Dunkerque.
La brigade est transportée en train dans les Flandres, puis elle se
dirige vers Anvers où se trouve assiégée l'armée belge. À Gand, la
brigade s'arrête, la voie étant coupée au delà.
Les fusiliers marins se battent à Melle les 9, 10 et 11 octobre pour
protéger la retraite des troupes belges ayant évacué Anvers.
Ensuite, ils décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre
après une marche épuisante. Poursuivis par cinquante mille
Allemands, ces hommes habitués à vivre nu-pieds sur le pont de leurs
bateaux, fournissent des marches de trente et quarante kilomètres.
Le lendemain, 16 octobre, la ligne de défense des marins est à peine
établie que les Allemands déclenchent à 16 heures leur première
attaque par artillerie et infanterie. Les combats pour la possession
de Dixmude viennent de commencer, opposant 6 000 marins de la
brigade commandée par l'amiral Ronarc'h et 5 000 Belges commandés
par le colonel Meiser à trois corps de réserve d'armées allemands,
sous les ordres du prince de Wurtemberg, environ 30 000 hommes.
Les états-majors français et belges se rencontrent, et, compte tenu
de l'évolution de la situation, pensent qu'il est désormais possible
d’arrêter l’invasion allemande le long de la côte.
Le général Foch raconte ainsi sa stratégie :
« On tiendra pour cela sur l’Yser, de la Mer du Nord à Dixmude, avec
l’armée belge rapidement reconstituée ; au point d’appui de Dixmude,
avec la brigade de fusiliers marins ; sur l’Yperlé, plus au sud, et
jusqu’à Ypres avec les troupes territoriales qui s’y trouvent déjà
et que je renforce rapidement de divisions de cavalerie. On attendra
dans ces conditions l’arrivée des renforts français que le général
en chef nous fait espérer.
Dans cet ordre d’idées, et avant de quitter
Furnes dans la soirée du 16, j’adresse à la hâte à l’amiral Ronarc'h
une instruction lui fixant sa tâche à Dixmude.
Dans les circonstances où nous sommes, la tactique que vous avez à
pratiquer ne comporte pas d’idée de manœuvre, mais simplement et au
plus haut point, l’idée de résister là où vous êtes. Dans ce but, il
y a lieu de préparer sans aucune réserve la mise en œuvre, dans une
situation abritée, et de bonnes conditions, de tous vos moyens.
Quant à la conduite à tenir, elle consiste pour vous à arrêter net
l’ennemi, par la puissance de vos feux en particulier. C’est dire
qu’elle est facile à tenir avec les effectifs et les moyens dont
vous disposez, qu’elle vous permet d’occuper une grande étendue de
terrain et que vous ne devez songer à évacuer la position que sur un
ordre formel de vos supérieurs ou à la suite de l’enlèvement de «
toute » la position par l’ennemi. Inutile de dire que je compte
entièrement sur votre dévouement pour remplir cette mission. »
Suivant l'ordre du général, l'amiral Ronarc'h retransmet l'ordre
suivant à ses marins : « Le rôle que vous avez à remplir est de
sauver notre aile gauche jusqu'à l'arrivée des renforts.
Sacrifiez-vous. Tenez au moins quatre jours. »
A lire : Journal de marche des fusiliers marins /
11 octobre au 16 novembre 1914 /
Lien web
Le 24 octobre à 9 heures du soir, le prince de
Wurtemberg lance une attaque générale avec comme objectif de percer
le front en direction de Furnes. Deux colonnes vont assaillir le
front Nieuport-Dixmude tenu par les Belges et deux autres colonnes
vont converger leurs efforts sur Dixmude, après une formidable
préparation d'artillerie.
Le 26 octobre, les marins sont renforcés par un régiment de marche
de tirailleurs sénégalais aux ordres du lieutenant-colonel
Pelletier. Ce régiment comprend deux bataillons : le 3e BTS du Maroc
(commandant Frèrejean) et le 1er BTS d'Algérie (commandant Brochot).
Le 28 octobre, à la suite d'une décision prise le 25, les Belges
ouvrent les vannes et inondent la rive gauche de l'Yser entre ce
fleuve et la chaussée de chemin de fer de Dixmude à Nieuport,
faisant de Dixmude une presqu'île artificielle. Ces inondations,
décidées par Albert Ier de Belgique sur proposition de l'état-major
de l'armée belge, sauvèrent la situation sur l'Yser.

Le 10 novembre, les défenseurs de Dixmude sont contraints, après
d'âpres combats qui se terminent en corps à corps à la baïonnette ou
au couteau, d'abandonner la ville en feu et de repasser sur la rive
gauche de l’Yser.
Ils s'étaient engagés à tenir la ville pendant quatre jours, mais
ils ont tenu trois semaines, face à environ 50 000 Allemands qui ont
laissé 10 000 morts et plus de 4 000 blessés.
Les pertes des défenseurs sont effroyables. Les marins ont plus de 3
000 hommes morts ou hors de combat : 23 officiers, 37 officiers
mariniers, 450 quartiers maîtres et matelots ont été tués ; 52
officiers, 108 officiers mariniers, 1 774 quartiers maîtres et
matelots sont blessés ; 698 ont été faits prisonniers ou sont portés
disparus.
Concernant les tirailleurs sénégalais, il reste 400 hommes au
bataillon Frèrejean et seulement 11, dont un capitaine, au bataillon
Brochot : 411 survivants sur 2 000.
Le 15 novembre, l'offensive allemande est définitivement stoppée.
Le sacrifice de la brigade a eu un grand retentissement en France.
On remarqua que cette unité n'avait pas de
drapeau. Pour réparer cet oubli, les rescapés de la brigade de
fusiliers marins sont rassemblés près de Dunkerque le 11 janvier
1915. Raymond Poincaré, président de la République, accompagné de
Victor Augagneur, ministre de la Marine, remet solennellement à
l'amiral Ronarc'h, le drapeau des fusiliers marins, dont la garde
est confiée au deuxième régiment.
Drapeau / Cérémonie en 1917
Fin janvier 1915, la brigade s'installe dans le secteur de Nieuport.

De janvier à mai 1915, les fronts dans les Flandres vont
progressivement se stabiliser jusqu'à l'offensive alliée de juillet
1917.
En novembre 1915, le gouvernement français décide de dissoudre la
brigade de fusiliers marins, à la suite de la demande de la Marine
nationale qui a besoin de ses personnels pour lutter contre les
sous-marins allemands.

Il est décidé que le drapeau des
fusiliers-marins restera au front des armées avec un bataillon, une
compagnie de pontonniers et huit sections de mitrailleuses. Le rôle
des deux régiments est clos le 10 décembre 1915.
Pendant les seize mois au front, la brigade de fusiliers marins, a
perdu, en tués, blessés ou disparus, 172 officiers, 346 officiers
mariniers et environ 6 000 quartiers maîtres et marins, soit
l'équivalent de son effectif initial majoritairement composé de
Bretons.
1918

Références :
Charles Le Goffic, Dixmude, un chapitre de l'histoire
des fusiliers marins, Librairie Plon, 1915 .
Vice-amiral Ronarc'h, Souvenirs de la guerre, Payot,
1921 .
Ferdinand Foch, Mémoires pour servir à l’histoire de
la guerre de 1914-1918 .
Roger Laouenan, Des demoiselles au feu, l'épopée des
fusiliers marins, Coop Breizh, 2004 .
Source web et photos /
Wikipedia et
Musée
fusiliers marins
Journal de marche sur Dixmude du 11 octobre au 16
novembre 1914 / Lien
web
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